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15.12.2014

Langoustine : entrez sans frapper

La réunion de la Commission langoustine du CDPMEM29 tenue au Guilvinec le 12 décembre 2014 a réuni une dizaine de pêcheurs, des permanents et l’administration maritime, sous la présidence de Ronan Le Gall.

La réunion a commencé par la projection de deux films. Le premier portait sur un fond de langoustines de Golfe de Gascogne montrant leur terrier et les autres « habitants » qui vivent avec elles. Les pêcheurs ont pu s’initier à la reconnaissance des terriers de langoustines qui possèdent plusieurs critères, dont une inclinaison à 45° vers le fond, une forme de « porte cochère », un V à la sortie correspondant à l’emplacement des pattes de langoustines quand elles se trouvent à l’entrée et des rejets sablo-vaseux de chaque côté et bien d’autres critères subtils connus des experts. Naturellement, pour devenir « expert » en comptage de terriers de langoustine il faut passer un examen dont le niveau a été déterminé par les différents instituts marins qui s’occupent de la langoustine au niveau européen. Le second film intitulé « Langoustine : entrez sans frapper », mettait en image le périple du Celtic Voyager, bateau de recherche irlandais, chargé au mois de septembre 2014 de faire une première photographie des fonds à langoustines du Golfe de Gascogne. Cette première campagne, utilisant la méthode préconisée au niveau européen a été un succès, aidé par un temps remarquablement beau la détermination quasi complète de la pêcherie a pu être faite manque la pointe Sud.

Les pêcheurs langoustiniers discutant du changement de méthode d'évaluation du stock de langoustine

Les pêcheurs qui ont bien compris le changement radical de cette approche, se sont interrogés sur la nécessité de bien faire attention à la délimitation de la pêcherie commerciale, car la prise en compte d’un espace trop large conduirait inévitablement à donner l’apparence d’une pêcherie en mauvais état. Ce débat de fond n’est pas clos, autant il est important de ne pas rétrécir la pêcherie aux secteurs travaillés à un instant donné par les pêcheurs, autant il est nécessaire d’inclure dans la pêcherie les secteurs comptant un seuil de terriers actifs nécessaires et suffisants (dans lesquels se trouve au moins une langoustine). La prochaine réunion du mois de janvier doit avoir ce point à l’ordre du jour. Cette projection a démontré une nouvelle fois que plus la connaissance avance (la visualisation sur le fond était jusqu’à présent impensable), plus le nombre de questions augmente. Les pêcheurs ont montré un véritable engouement en découvrant de visu ce que jusqu’à présent ils ne faisaient qu’imaginer. Naturellement, ils souhaitent que cette méthode de visualisation perdure dans le temps.

L’obligation de débarquement (OD) préoccupe les esprits. L’échéance du premier janvier 2016 se rapproche et trois espèces sont directement concernées : la langoustine, le merlu et la sole. Les travaux scientifiques entrepris par la profession pour atténuer cette obligation portent aujourd’hui sur deux aspects : démontrer que le taux de survie de la langoustine est élevé et démontrer que des outils de sélectivité existent dans le Golfe de Gascogne, en particulier pour le merlu, qui pourraient être utilisés par les pêcheurs pour éviter de ramener des rejets à terre. Ce sont les études ENSURE et REDRESSE. Mille langoustines ont été marquées en juillet 2014 au large de Belle-Ile. Pour le moment aucune n’a été repêchée. Une information complète aux porteurs de licences langoustines devra être faite pour qu’au moins une langoustine soit repêchée et conservée. Une (ou plusieurs) suffirait à démontrer un fort taux de survie. Le programme sélectivité suit son cours. Thomas Rimaud a rappelé les derniers résultats qui sont encourageants. Un autre aspect est apparu en cours de discussion : la nécessité de faire un travail pratique à bord de quelques bateaux (en particulier petits), pour mettre en équation, kilo par kilo, minute par minute, pénibilités supplémentaires après nouvelles difficultés physiques ou empilement de tracas administratifs , les conséquences de l’OD sur le travail des hommes en mer et à quai. Les pêcheurs présents ne sont pas opposés à la réalisation d’un tel dossier. Un patron sera éventuellement volontaire aux conditions financières habituelles de l’Aglia. Un partenariat avec l’Institut Maritime de Prévention doit être envisagé sur cette expérience.

René-Pierre Chever a informé les pêcheurs de langoustines que le projet de reconquérir le stock de langouste rouge a fini par être formalisé au niveau départemental et national. Plusieurs mesures de gestion ont été prises qui semblent porter leurs fruits. En particulier une abondance de petites langoustes rouges (environ 10 cm) a été rapportée par des caseyeurs, des fileyeurs et même des chalutiers Sud-finistériens (Roxy, Risten, Patisaka, etc.) Les pêcheurs de langoustines présents se sont engagés à passer un coup de fil en cas de découverte d’une petite langouste dans leur chalut, à Erwan Quéméneur, le Monsieur langouste du CDPMEM29.