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Actus International30.10.2014
Le thon rouge reprend des couleurs
Le Comité Consultatif du Sud-Ouest (CCSO) vient de se réunir les 28 et 29 octobre 2014 à Lisbonne. Participaient aux réunions pour la Bretagne : Olivier le Nezet (Comité Régional des Pêches Maritimes de Bretagne), Magalie Richard (Comité Départemental des Pêches Maritimes du Morbihan), Yves Fouezon (Pêcheurs de Bretagne), Julien Lamotte (Pêcheurs de Bretagne) et René-Pierre Chever (Comité des Pêches Maritimes du Finistère).
La première réunion a réuni les pêcheries dites traditionnelles (artisanales). Un point a été fait sur l’Axe 4 du FEP et le réseau FARNET. La question des ventes directes, souvent controversées en Europe, a été évoquée. Le cas de Saint-Jean de Luz et de Cap Breton a été examiné. Il s’agissait de mettre en place un espace de vente directe, en particulier pour le merlu, qui se vendait mal. Après de longues discussions avec la criée, c’est elle qui a mis à disposition les outils de vente directe. En contrepartie le pêcheur-vendeur paye à la criée une taxe de 2,85 % et par convention avec les mareyeurs-poissonniers, les pêcheurs ne peuvent pas travailler le poisson (découper, fileter). Le prix moyen du merlu a été multiplié par 3, mais il ne faut pas oublier les coûts en matériel et main d’œuvre que la vente directe occasionne. Pour Serge Larzabal, « c’est très encadré, mais c’est une réussite à petite échelle ». En Galice, au Portugal, en particulier à Madère et aux Açores, des initiatives de ce genre ont été mises en œuvre.
Le bannissement généralisé du filet maillant dérivant envisagé par la Commission entraîne des répercussions inattendues chez nos voisins espagnols. Ils viennent de se rendre compte que 300 petits bateaux pratiquent le « Cheto » en Galice. Il s’agit de pêcher la sardine, à une certaine période de l’année, avec des filets dérivants. Les écologistes espagnols défendaient le bannissement de cet engin car il s’agit de régler définitivement le problème du thon, en particulier en Italie. Mais on sentait bien qu’ils étaient bien ennuyés. C’est un remake de « l’arroseur arrosé ». Les mêmes espagnols ne s’étaient pas posés autant de questions il y a 20 ans quand ils avaient provoqué la disparition des marins à l’île d’Yeu et des ports tout au long de la côte Atlantique, qui pêchaient le thon germon au large avec un filet maillant dérivant de 2,5 km.
Le Comité Consultatif de Méditerranée (CCMed) a effectué une étude exhaustive de ses pêcheurs récréatifs et sportifs. Il s’avère que la moitié des captures réalisées dans la zone géographique du CCMed ne l’est pas par des pêcheurs professionnels. Le CCSO souhaite entreprendre un travail sur la connaissance et la documentation de ce secteur d’activité dans sa propre zone géographique. Avec en ligne de mire les mesures de gestion et techniques potentielles, la place des représentants de cette activité (question des permis), le contrôle et la traçabilité des produits de la mer capturés.
La Commission pêche traditionnelle souhaite faire un bilan complet de GEPETO[1] avant de recommencer, sans doute sur des sujets beaucoup plus concrets. Les films réalisés pour le CCSO, à condition qu’ils soient sous-titrés dans les différentes langues, sont un excellent vecteur de connaissance mutuelle et de reconnaissance à l’extérieur de la profession.
Réunion du Comité Consultatif du Sud-Ouest à Lisbonne
Le groupe de travail pélagique a examiné les trois sujets habituels : anchois, thon rouge et sardine ibérique. L’anchois est l’objet d’un accord routinier, qui même s’il fait l’objet de discussions serrées, finit toujours par trouver une solution équilibrée. La sardine ibérique est victime d’un conflit entre portugais et galiciens qui n’arrivent pas à s’accorder. Le point essentiel était de savoir si le CCSO pouvait donner un avis unanime sur un TAC revu à la hausse de thon rouge. Les scientifiques nous disent que cette espèce, la plus contrôlée au monde, a vu sa biomasse multipliée par 4 en 10 ans. La biomasse (Atlantique Est et Mediterranée) est estimée aujourd’hui à 585 000 tonnes, ce qui constitue un record absolu. La question est de savoir si on peut augmenter le TAC de 5000 tonnes passant de 13 500 à 18 000, puis à 23 000 tonnes ? Les Organisations Non Gouvernementales de l’Environnement (ONGEs) n’ont pas souhaité qu’un chiffre d’augmentation soit inscrit par le CCSO où les décisions doivent être prises à l’unanimité, bien qu’elles soient d’accord pour reconnaître les efforts qui ont été faits, la résilience du stock, et la modeste demande des pêcheurs. Ils perdent une bonne occasion de se faire bien voir à peu de frais.
Les groupes de travail des zones VIII et IX se sont réunis toute la journée du 29 pour examiner la gestion du bar, les possibilités de pêche 2015, en particulier pour le merlu ibérique et pour la sole du Golfe de Gascogne. La question des rejets a été au cœur des débats de l’après-midi. Mais le point essentiel concernait le bar. En effet la lecture de la proposition de règlement du Conseil reçu le 28 octobre au soir, exprime très clairement le fait que cette espèce «pourrait être sur le point de s’effondrer »[2]. Il faut donc prendre des mesures en particulier en ciblant les chalutiers pélagiques et les pêcheurs récréatifs. Pour les premiers l’article 8 prévoit une limitation de capture et de l’effort de pêche en zone 7e dans une annexe 2 qui reste à compléter. Pour les seconds le règlement prévoit pour toute la zone 7 une limitation à un bar par jour et par homme.
Pour les pêcheurs professionnels la vraie question est de savoir qui va compléter l’annexe 2 ? Les Etats seuls ? Les CCs ? Les deux à la fois ? Les lobbies ? Des décisions seront prises au cours du Conseil des ministres du mois de décembre. Le CCSO va solliciter le CCNO et le CCMer du Nord pour faire la réunion commune prévue fin novembre.
La veille au soir la DG Mare a publié la proposition de TAC pour 2015 et la publication du projet de règlement TAC (sans les annexes). Les membres du CCSO en ont pris connaissance sur place. Il y a une nette différence d’appréciation entre les ONGEs qui voudraient que les stocks soient au RMD dès 2015 et les pêcheurs, qui tenant compte de la nouvelle PCP, veulent de la souplesse dans l’atteinte du RMD d’ici 2020. Le quota de sole n’a pas pu être proposé à l’unanimité, les pêcheurs souhaitant la reconduction du quota pour 2015 (3 800 tonnes), alors que les ONGEs proposaient 400 de moins.
Au cours d’une prochaine réunion, l’ensemble des AMPs du CCSO seront présentées par les différents gouvernements concernés.
[1] Gepeto : projet européen visant en particulier à mettre sur pied l’atlas des pêches du CC Sud-Ouest.
[2] Proposition de règlement du Conseil du 28 octobre 2014, p3.