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Actus Economie19.06.2015
Vers une organisation européenne des pêcheurs de tourteaux ?
Les 16 et 17 juin 2015, 40 personnes provenant du Royaume Uni, d’Irlande, d’Espagne, du Portugal et de France se sont réunis à Roscoff, port emblématique des caseyeurs du Finistère, pour discuter de l’avenir du tourteau européen.
Il s’agissait de faire le bilan de trois ans de travaux sur tous les aspects de la filière tourteau et de restituer d’abord aux pêcheurs ces informations qui les concernent au premier chef. Plusieurs patrons pêcheurs ont suivi les travaux pendant deux jours en fonction de leur disponibilité : Zubernoa, Sergagil, L’Etoile du Berger II, Ile de Sieck, Kreis Ar Mor. Yannick Calvez, président de la Commission gros crustacés au niveau national a été présent pendant tous les débats, intervenant souvent au nom des pêcheurs français. Il a spontanément organisé une minute de silence pour honorer la mémoire d’un pêcheur de crabe irlandais dont on a appris la noyade accidentelle en plein milieu des discussions. Ce comportement « fraternel » des pêcheurs français, se mettant debout, pour honorer la mémoire d’un pêcheur inconnu, brutalement arraché à l’affection des siens par la mer qu’ils connaissent tous, a sans doute fait plus pour le rapprochement des communautés de pêcheurs que certaines études, souvent un peu ésotériques, il faut bien l’avouer.
Bien que la langue de travail soit l’anglais, les français ont pu suivre les débats et intervenir grâce à un système de traduction directe, extrêmement bien rodé, mené par Mireille Amat qui suit toutes les réunions « crustacés » des pêcheurs français en langue anglaise depuis des lustres. C’est très important de faire cet effort car la production française bien qu’importante (7000 tonnes) n’est qu’une petite partie de la production européenne (45 000 tonnes). Il n’est donc pas possible de subir sans comprendre la globalité du système tourteau européen. C’est pourquoi quand le projet ACRUNET a démarré en 2012, le Comité National des Pêches Maritimes et le Comité Départemental des pêches maritimes du Finistère (qui regroupe tous les gros caseyeurs français) se sont résolument engagés au cœur des principaux sujets traités. Plusieurs objectifs étaient ciblés :
1. Former un réseau transnational européen entre pêcheurs et la filière.
2. Mieux gérer la ressource au niveau européen.
3. Elaborer une norme européenne du tourteau pour la qualité, une pêche responsable, permettant la traçabilité et garantissant la qualité des produits.
4. Améliorer la consommation globale du tourteau en Europe.
5. Mettre au point des outils innovants en particulier pour le transport.
6. Commencer à éduquer les consommateurs.
Tous les objectifs ont été travaillés, certains sont atteints, d’autres ont permis de progresser mais le travail n’est pas fini… Le sera-t-il un jour ? Une telle filière, aussi large, aussi étendue, mais possédant de si nombreux atouts mérite d’être mieux prise en compte au niveau français, et surtout européen.
Deux objectifs illustrent parfaitement les atouts et les faiblesses de cette filière européenne. Le premier est l’objectif 3. Grâce au projet ACRUNET la démonstration a été faite que les producteurs des pays concernés ont pu obtenir la certification « Pêcheur Responsable » dans chacun de leur pays (Royaume Uni, Irlande et France) tout en produisant un guide identique des bonnes pratiques en plusieurs langues. Par exemple la coupe du tendon des pinces des crabes (pour éviter qu’ils ne se blessent entre eux) sera pratiquée du Nord au Sud de l’Europe de la même façon. Ce Guide montre que malgré les distances, malgré les habitudes différentes, les pêcheurs sont capables de produire un document unique de bonnes pratiques en direction des consommateurs. C’est la seule espèce où cette démonstration a été faite jusqu’à présent.
Le second concerne l’objectif 2 et la difficulté de trouver un mode de gestion des stocks commun. En France la gestion est très encadrée depuis de nombreuses années, alors que dans les pays anglo-saxons le marché commande et de nombreuses licences de pêche au tourteau restent disponibles. Ce qu’on appelle l’effort latent. De ce fait toute amélioration du prix de vente du tourteau aura tendance à provoquer une augmentation de l’effort de pêche et donc un retour du prix payé au pêcheur à la case départ. Le nouveau modèle passe forcément par un encadrement au niveau européen. Les prémisses d’une organisation européenne ont été évoquées… L’une des propositions françaises a été de présenter les résultats de ces travaux à la Commission pêche du Parlement européen pour voir de quelle manière donner une suite à tous ces efforts d’organisation.
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